Cet été je suis allée à Dinard, apprendre le field recording et m’imprégner de la ville du Conte d’Été de Rohmer, qui m’est si cher. En vagabondant sur le front de mer et dans les ruelles, j’observe les lieux du tournage, traque la carte postale enchantée. Mais derrière la carte postale amoureuse de Dinard se dévoile un monde rigide, bourgeois, serré : une plage aux familles nucléaires bien rangées, des filets de volley remplis d’hommes et des cabines de plages remplies de femmes et d’enfants, des corps bien fit-és, des propriétés privées grignotant la mer. La ville est une pièce de théâtre, tout le monde s’y déguise pour performer la normativité.

Alors voilà, Dinard, un Conte d'Été désenchanté. Comment faire dialoguer un imaginaire cinématographique et une réalité bien trop normée ? Comment accepter la joie de s’abandonner à un paysage rohmérien, idéaliste, et comprendre la déception face à un réel trop serré ? Doit-on déchirer nos cartes postales ?Cette courte pièce est une impression de ces ressentis contradictoires. Une oscillation entre la joie de la carte postale idyllique, et l’angoisse d’un monde rigidifié.

Sons : Dinard et Conte d’Été (Rohmer)Merci à Gilles Aubry et au merveilleux groupe de Phonurgia